En France, le premier escape game a vu le jour en 2013 à Paris, avec HintHunt. Aujourd’hui, environ 450 enseignes se sont développées sur le territoire français et toutes rivalisent d’ingéniosité pour attirer de nouveaux clients. Ouverts aux particuliers, certains escape games se sont aussi tournés vers les entreprises, friandes de team building et cohésion d’équipe. Mais depuis quelques temps, certaines sociétés utilisent l’escape game dans leur process de recrutement.
Après les speed dating professionnels apparus au début des années 2000, les DRH ont trouvé une nouvelle manière de rencontrer, tester et recruter leurs futurs collaborateurs. Surfant sur la vague des escape games, ils se sont mis en tête de casser les codes du recrutement classique. Dans un désir de renouvellement du vivier de talents, Groupama Paris cherchait une dizaine de commerciaux et a testé cette solution. Chez Orange, la recruteuse présente lors de l’exercice avoue que « cet outil est surtout un gain de temps. En trente minutes, on peut se faire une idée précise de 4 candidats et c’est beaucoup plus intéressant qu’un entretien classique ». C’est en effet un premier filtre, différent de l’épluchage de CV qui est parfois long et rébarbatif. « On avait envie d’humaniser notre processus de recrutement et de s’intéresser beaucoup plus à la personnalité du candidat », souligne Natacha Aubert, déléguée régionale Emploi chez Accor Hotels. C’est une manière aussi de moderniser l’image de l’entreprise avec un recrutement à connotation fun et destiné majoritairement aux jeunes. Les postes de commerciaux sont principalement visés, mais d’autres entreprises, notamment dans la restauration s’y sont mises.
L’attrait des soft kills pour les recruteurs
La liste peut sembler longue, mais élaborer un recrutement dans un escape game peut révéler certaines ressources : l’écoute, la prise d’initiatives, la communication, l’analyse et la réaction face à la difficulté ou encore l’adaptabilité… toutes ses qualités peuvent ressortir lors d’un exercice. “Face à un recruteur, c’est toujours facile de dire que l’on aime travailler en équipe, là, ça se voit directement si c’est vraiment le cas ou non”, assure une candidate. Les savoir-être (soft kills) sont très recherchés par les recruteurs aujourd’hui, au-delà des compétences. Un élément qui revient souvent lors des interviews de recruteurs, est la maîtrise émotionnelle. Dans la victoire (découvrir un indice, passer à une étape supérieure, …) ou dans l’échec (rester face à une difficulté, être contredit dans ses propos par un autre candidat, …), les observateurs analysent le ressenti. Trop d’euphorie ou au contraire, un énervement trop visible, pourront faire reculer certains recruteurs.
La vision d’un professionnel de l’escape game
Thomas Cureau, directeur de la Ligue des Gentlemen à Nantes est assez partagé. « Mettre l’ensemble des concurrents pour un poste dans la même salle ne permet pas de voir leur réel potentiel car c’est un jeu de cohésion alors que là, ils sont en compétition. Nous avons eu par exemple un escape game d’une région voisine, qui est venu pour tester 4 potentiels candidats pour le poste de Game Master et le résultat ne fut pas très concluant ». A contrario, une société nantaise d’informatique a mélangé ses propres consultants avec de potentielles recrues. « Là, je trouve que c’est une bonne idée car les joueurs ne sont pas dans la compétition mais dans la découverte des autres. Cela permet d’apprendre à se connaitre avant l’entretien ». Thomas voit donc davantage l’utilité de l’escape game à différents moments des Ressources Humaines. « L’escape game est surtout utile dans le travail d’équipe, donc très bien pour l’intégration d’une nouvelle personne. Ou, lorsque l’équipe est déjà constituée, il sert à analyser les forces de chacun (leader, suiveur, qualité d’organisation, mais aussi les mauvais leaders !).
Dans tous les cas, l’escape game sera en complément du classique entretien, qui lui, servira à choisir le bon candidat.